Show must go on | Joan

“Eyael tu dois être sur scène dans cinq minutes” à vos ordres chef, il était 22h00 le premier Show était sensé commencer à 22h45 mais comme d’habitude le patron chamboulait les horaires à sa sauce, c’est une habitude chez lui d’où mon habitude d’arriver une heure à l’avance. Je demandais quel costume était prévu pour ce soir et on me répondit « celui que tu portes tous les jours tu devrais savoir avec le temps que les femmes adorent te voir en uniforme » Je levais les yeux au ciel mes collègues féminines ne cessaient de me taquiner par rapport à l’uniforme. Je m’habillais refusant de porter ces lunettes de soleil, l’inspecteur de police crâneur avec ses lunette de soleil même en pleine nuit ce n’était pas vraiment mon délire, j’adorais regarder les demoiselles dans les yeux durant le show. D’ailleurs en parlant de ça « Public ou privé chef ? » Il se retourna vers moi et répondit froidement « Public pour commencer Magic Mike. » J’hochais la tête sans prêter attention au surnom, depuis la sortie de ce film il n’était pas rare qu’on me compare à Tatum, je ne lui ressemblais pas le moins du monde mais je m’en fichais tant que j’avais du boulot. Je terminais de fermer ma veste quand on me poussa sur scène. Un jour j’aurais un bleu sur l’omoplate.. Bref la musique commença et évidement mes hanches en suivirent le rythme. Je retirais lentement la veste un sourire accroché aux lèvres comme toujours. Je prenais tout mon temps, contrairement à certains de mes collègues qui expédiaient leur strip en deux tend trois mouvements. C’était bien une chose que je ne comprenais pas, pourquoi faire ce genre de travail si ce n’était pas pour se laisser admirer,  cela dit il y a quelques années de ça je n’aurais jamais osé. Je jetais la veste dans le public sans avoir le temps de voir la quelle de ces dames avait réussi à la récupérer.  

Soupirant, je regarde le bâtiment, ne sachant pas quoi faire. Si j’entre dans ce lieu et qu’Ethan l’apprend, je risque de me retrouver avec plus de bleus que je ne peux en compter actuellement. Mais après tout, comment pourrait-il l’apprendre ? Il ne doit pas rentrer avant au moins deux bonnes heures, si ce n’est plus, ce qui me laisse le temps d’aller jeter un coup d’œil curieux à l’intérieur. Après tout, bien que ça fasse trois ans que je suis revenue à Avalon, je n’ai jamais été y mettre les pieds. En réalité, je ne me rappelais même pas de ce lieu. C’est lorsque j’ai fait l’adoption d’un petit cochon d’inde ce matin, que je m’en suis rappelée. La jeune-femme m’a parlé comme quoi elle allait faire l’enterrement de vie de jeune fille de sa sœur, demain, dans ce bar de striptease. Toujours perdue dans mes pensées, je me demande si je dois y aller ou au contraire, rentrer chez moi.

Prise d’un élan, je coupe le contact de la voiture et décide d’y aller. Mais devant la porte, alors qu’on m’accueille, je suis tentée de faire demi-tour. Je m’en veux d’y aller, alors que si Ethan l’apprenait, il m’en voudrait énormément. Mais maintenant que je suis à l’intérieur, il est trop tard pour faire demi-tour. J’inspire et remercie la personne, qui m’indique le chemin à suivre. Défaisant ma veste, je la glisse sur mon bras, avant de m’avancer doucement. Je sais à quoi m’attendre, en théorie. Mais dans la réalité, je ne m’attends pas à ce qui se trouve devant mes yeux. Un jeune-homme se balance au rythme de la musique, tout en défaisant sa veste doucement. Je le regarde, presque hypnotisée. On peut vraiment dire qu’il a le rythme dans la peau. Je me demande si je dois partir, ou au contraire, rester pour le regarder se déhancher sur la scène. Plongée dans mes pensées, je ne fais pas attention et machinalement, je rattrape la veste qu’il vient de lancer. Et au vu du regard pleins de reproches que je prends d’une femme qui se trouve assise à côté de là où je me trouve, je me dis que j’aurai mieux fait de ne rien faire. Tant pis … Voyant une place libre, un peu loin de la scène, je m’y assoie. Après tout, je ne sais pas si je dois lui ramener sa veste maintenant, ou après, lorsqu’il aura fini. Aussi, ne sachant pas s’il sait où se trouve sa veste, je la lève en l’air, avant de rebaisser le bras, ne voulant pas passer pour une idiote au bras levé. Me laissant emporter par la musique, l’ambiance, le spectacle, je regarde le jeune-homme avec attention, ne pouvant m’empêcher de me dire qu’il est plutôt pas mal dans son genre.

Cela peut sembler pervers mais j’aimais ces regards sur moi. Ces sourires féminins  me faisaient du bien, ici j’étais passé du gamin qui avait honte de son corps au gars que les femmes désiraient même si cela ne durait que quelques minutes. Comme souvent plusieurs jeunes femmes  s’avancèrent sur le devant de la scène lorsque je déboutonnais mon pantalon. C’est alors que je repérais la jeune femme qui avait récupéré la veste, la pauvre se faisait toisée par les trois quarts de ses congénères. La jalousie chez les femmes était quelque chose de récurent. Comme si elles espéraient finir dans mon lit alors que cela n’arrivait que très rarement. Là je vais parler comme un vrai connard mais « Les clientes » passaient par mon lit seulement quand j’avais besoin d’un peu d’attention. Il arrivait parfois que j’ai un coup de cœur mais dés que je commence à éprouver plus qu’un simple désir sexuel, je me sauve, je coupe les ponts. Lorsque la brunette ayant récupéré ma veste la leva pour me montrer que je pouvais la récupérer, je lui fis comprendre d’un signe de la main discret pour lui faire comprendre que je la reprendrais après. J’accompagnais le geste d’un clin d’œil, chose qui doubla les regards noirs envers elle. Je levais légèrement les yeux au ciel et tout en descendant le pantalon lentement j’articulais « Approche » à son adresse. Les autres l’avaient poussé à s’éloigner, ce qui me déplaisait, j’avais vécu le même genre de situation bien des fois d’où le fait qu’elle ait toute mon attention.  

Assise un peu loin de la scène, j’observe le spectacle, vu que c’est la première fois que je viens dans ce genre d’établissement. Je me sens toujours coupable par rapport à Ethan et pourtant, je ne peux m’empêcher d’observer la scène avec attention. Le jeune-homme a réellement le rythme dans la peau, comme s’il faisait partie de la musique. Il y a une sorte d’harmonie presque magique, entre le stripteaseur et le son, comme si en réalité, ce n’était qu’une seule et même personne. Je secoue la tête, lorsque le danseur me fait un signe discret, pour me signaler qu’il viendra chercher sa veste plus tard. De nouveaux, alors qu’il lance un clin d’œil à mon attention, je sens les regards haineux des jeunes-femmes qui se trouvent à mes côtés, assistants elles aussi au spectacle. Je me retiens de lancer un commentaire pas très sympathique envers ces femmes. Après tout, elles sont là sûrement pour passer du bon temps et s’évader des tracas quotidiens. Alors que je continue de fixer la scène, l’inconnu articule à mon attention d’approcher. Je tourne la tête dans tous les sens, pour voir s’il s’adresse réellement à moi, ou s’il n’y a pas quelqu’un d’autre derrière moi. Je me montre du doigt, comme une idiote, n’étant toujours pas sûre que ça soit à moi qu’il se soit adressé. Je tourne la tête vers une jeune-femme qui se trouve à ma droite et vu son regard, j’ai ma réponse. J’avale difficilement ma salive, et après avoir posé la veste du danseur sur la mienne, je m’avance vers la scène. Je sens tous les regards sur moi, ce qui me met un peu, pour ne pas dire mal à l’aise. Me retrouvant devant la scène, j’ai une vue zoomée par rapport à tout à l’heure. Je tiens les vestes, alors que je sens que toutes les femmes se rapprochent, comme si elles pouvaient toucher le danseur. Pourquoi me suis-je avancée déjà ? Ah oui, par curiosité ! J’espère simplement que je ne vais pas devoir monter sur scène, sinon, après les regards noirs, ça sera des coups que je prendrais ! Ne sachant pas s’il peut m’entendre avec la musique et le fait qu’il soit pris dans son show, je dis quand même à son attention. « Aussi mignon que vous êtes, je vous préviens, je ne monte pas sur scène ! » Ai-je vraiment ajouté que je le trouvais mignon ! Je mérite des baffes ! Surtout quand je suis mal à l’aise, j’ai tendance à dire ce que je pense tout bas. Super, il va me prendre pour folle ..

Les regards haineux des autres jeunes femmes ne me plaisaient pas et la plupart étaient des habituées elles savaient donc toutes comment j’allais réagir.  Je ne me laissais pas toucher, je détestais que l’on m touche sans ma permission et encore moins quand ces femmes jouaient les tigresses enragées. La sécurité repoussa la plupart des femmes à quelques pas de la scène sauf une, la jolie brune timide qui me complimenta tout en disant qu’elle ne monterait pas sur scène. Elle avait sûrement peur des réactions des autres de ces dames. Mais c’était mon show et moi seul pouvait décider de ce que je ferais ou non. Pour la première fois depuis que j’avais commencé à travailler ici, je descendis de scène.  Je lui murmurais avec un sourire au coin des lèvres « Ce n’est pas grave c’est moi qui descends et merci du compliment » Mes lèvres frôlèrent le creux de son cou lorsque je me glissais derrière elle, pur jeu de séduction de ma part qui fit froncer les sourcils au patron qui nous observait de loin.

Me mettant des claques mentalement, je suis toujours en train de me réprimander d’avoir dit ce que je pensais à voix haute. Oui d’accord, il est mignon, mais tout le monde doit le lui dire ça. J’aurai pu au moins choisir quelque chose de plus … recherché ! Pourquoi n’ai pas fait attention à ne rien dire ? Finalement, je ne suis pas certaine de pouvoir rester. J’ai presque honte, même si apparemment, ça n’a pas l’air de le déranger plus que ça. Au moins, je ne prends pas un regard de travers ou noir, et je me note que c’est déjà un bon point.
La sécurité force la foule féminine à reculer, et je suis surprise de ne pas être dans cette masse. Pourtant, je suis sûrement bien trop proche de la scène. Mon regard toujours sur le danseur, je le regarde avec des yeux ronds lorsque je le vois descendre de scène. Mais qu’est-ce qu’il fait ! J’ai bien vite ma réponse, lorsqu’il murmure à mon attention, ce qui me fait rougir. Il a bien entendu mon compliment super … Le seul point positif, c’est qu’il ne le prend pas mal, ce qui me rassure ! Je sursaute lorsque ses lèvres frôlent le creux de mon cou et un frison m’échappe. J’ai la gorge sèche et je ne peux m’empêcher de sentir tous les regards sur nous, qui me mettent mal à l’aise. Derrière la sécurité, je remarque la femme qui m’avait jeté un regard noir tout à l’heure, lorsque j’avais rattrapé la veste. Avalant difficilement ma salive, j’essaye de me concentrer sur autre chose, que sur la sensation des lèvres du danseur sur ma peau. « Hum … Vous … Vous devriez peut-être remonté sur scène … Elles montrent les griffes et … je n’ai pas envie de finir avec les yeux arrachés … Il vaudrait mieux que je retourne à ma place, et vous sur scène, pour qu'on vous voit … » Mais en totale opposition à ce que je viens de dire, je reste figée, tout en essayant de me concentrer pour ne pas dire encore quelque chose qui dépasserait ma pensée. Et pourtant, je me sens obligée de poser une question. « Vous embrassez souvent vos clientes ? Pas que ça soit désagréable ou … enfin bref, vous le faîtes souvent ? »

Je me fichais du regard du patron après tout mon boulot était de jouer sur les hormones de ces dames je travaillais et de toutes manière je n’étais pas sensé travailler à cette heure-ci donc si ça ne lui plaisait pas c’était pour moi le même prix.

Elle sembla décontenancée de me voir descendre de scène pour la rejoindre  je fis signe à la sécurité de faire sortir les cinq teignes habituelles qui commençaient toujours à mettre le bordel et à chercher la bagarre. Et c’est ce qu’ils firent sans discuter, comme par enchantement les autres calmèrent leurs regards et leurs mots meurtriers, profitant du spectacle que j’offrais à leurs yeux. Je me mis fasse à la jeune femme dont je ne connaissais pas le nom, ce qui me faisait bizarre car la plupart de mes clientes quand j’agissais ainsi avec elles me racontaient  toute leur vie, j’aimais qu’on ne me dise rien, car je n’avais aucun besoin de connaître les détails de sa vie ce n’était que quelques minutes à jouer avec le feu rien de plus.

« Hum … Vous … Vous devriez peut-être remonté sur scène … Elles montrent les griffes et … je n’ai pas envie de finir avec les yeux arrachés … Il vaudrait mieux que je retourne à ma place, et vous sur scène, pour qu'on vous voit … »

Elle semblait mal à l’aise les autres semblaient presque lui faire peur et cela me fit remonter un souvenir qui n’aurait pas du remonter aussi violemment et soudainement. Je revoyais le paternel Anderson me gifler tellement fort que  j’avais la bouche en sang. La terreur me gagna et comme si j’y étais  à nouveau j’avais  le goût métallique du sang dans la bouche. Tout cela me donna la nausée, je fermais les yeux un quart de seconde et soufflais un bon coup. Tout en continuant à danser je répondis :

«  Je fais partie de la police, la plupart savent qu’elles ne doivent pas jouer les tyrans, puis celle qui se montraient agressives ont été mises dehors, puis tu n’as pas l’air de bouger » Dis-je avec un sourire en coin.

« Vous embrassez souvent vos clientes ? Pas que ça soit désagréable ou … enfin bref, vous le faîtes souvent ? »

«  Pas vraiment non, mais j’arrête si tu veux » Pas question  que je la mette mal à l’aise.

Fascinée et mal à l’aise. Il s’agit d’un drôle de mélange, et pourtant, je ne peux m’empêcher d’apprécier ces sensations qui me perturbent. Depuis toujours, je suis fidèle à Ethan, ne lui ayant jamais menti. Et pourtant, là, j’ai l’impression de la trahir, rien qu’en posant les yeux sur le danseur. Mais je ne peux m’empêcher de le faire, car il y a quelque chose d’hypnotisant dans son spectacle. Alors lorsque je vois le jeune-homme descendre de scène, je ne peux que m’inquiéter des femmes présentes dans la salle, qui pourrait se montrer agressive, de mon point de vue. C’est bien pour cette raison que je soupire intérieurement, lorsque la sécurité arrive pour faire sortir cinq ou six femmes de l’établissement. Aussitôt, les autres se calment, comme si elles savaient pertinemment qu’elles pourraient être les prochaines à se voir être mises à la porte.

Prenant la parole, je lui donne mon point de vue. Sa réponse me prouve effectivement que je n’ai aucun contrôle sur moi-même, que je suis incapable de retourner à ma place. C’est bien pour cette raison que je lui demande s’il a l’habitude d’embrasser ses clientes, tout en agrippant sa veste que je porte toujours de ma main, pour me donner du courage. Sa réponse me fait réfléchir. Est-ce que ça me dérange ? A dire vrai, je ne sais pas trop … « Hum … Et bien … Oui … enfin non… Enfin, …. Je veux dire que … je ne veux pas que vous pensiez que je suis une femme facile … et que… vous embrassez mal parce que c'est faux ... et puis ... non c’est tout. » Oh l’horreur ! Je suis incapable de dire que finalement, ça me plait. Mais je ne cesse de me dire que si Ethan l’apprend, ce n’est pas une simple gifle que je vais prendre … Frissonnant rien qu’à l’idée, je me force à reculer d’un pas léger. Après tout, faire un spectacle devant tout le monde, ne me ressemble pas. Tournant la tête, je vois qu’un homme nous regarde avec un œil mauvais, et je me dis qu’il doit s’agir du propriétaire. Il est donc tant pour moi de retourner dans l’ombre, même si j’aurai aimé continuer ainsi … « Je pense qu’il vaut mieux que vous finissiez votre spectacle … ». Sans oser le regarder, car je ne cesse de penser à ses lèvres qui ont frôlé ma peau, je fais très rapidement demi-tour, pour retourner à ma place. Lorsque je me jette sur la banquette, mais jambe. Toute la fin du spectacle, je ne jette que des regards rapides sur la scène. Lorsque j’entends les chaises qui raclent sur la scène, je m’avance vers la scène mais n’ose pas regarder le danseur, ne sachant pas dans quelle tenue il se trouve. « Je viens vous rendre votre veste … Très beau spectacle ! » Même si je n’ai pas tout vu … Mais je ne préfère rien dire à haute voix. Me forçant à garder les yeux baissés, je me note mentalement que je reviendrai, mais dans l’ombre, pour ne pas qu’il me remarque.