Rencontre en face à face [Owen/Kaylee]

Tout en coiffant Alia pour que je puisse l’emmener à l’école, je ne cesse de jeter des coups d’œil nerveux sur la pendule de la cuisine. Aujourd’hui, c’est le grand jour en quelque sorte. Depuis un an que je parle avec Sully, on va enfin se rencontrer pour la première fois. En réalité, ça me stresse un peu. Même si on a passé de long moment à parler, que ça soit par message ou par appel, j’ai bien peur qu’en réalité ça ne se passe pas comme c’était le cas à travers un écran. Alia me demande si je vais bien, car j’ai l’air perdue dans mes pensées. Je la rassure, ne voulant pas qu’elle me pose trop de questions …

Une fois ma petite puce prête pour l’école, j’enfile également mon manteau. Mon sac à main sur l’épaule, je sens ma fille qui glisse sa main dans la mienne. Baissant les yeux vers elle, je souris. Elle est vraiment mon petit ange, mon rayon de soleil. Alia embrasse ma joue, et part en courant rejoindre ses amies. Je lui fais un petit signe de la main, qu’elle me rend.  Sans attendre, je fais demi-tour, avant de m’arrêter finalement. Je sors mon téléphone de ma poche et réponds à Gloria. « Alors c’est le grand jour ! Tu es prête, j’espère ? » Je lève les yeux au ciel, avant de lui avouer que j’ai l’impression que le stress va me faire perdre tous mes moyens. Surtout que, je ne lui ai jamais dit mon âge réel, ni que ma fille fait pleinement partie de ma vie. J’entends rire Gloria, qui me répond que je me pose trop de questions. « Vas-y, profites, et tu verras comment ça se passe ma Kaylee.  En parlant ensemble depuis un an, le courant est déjà passé entre vous deux. Tu n’as donc pas à t’inquiéter de ça. » Après avoir remercié ma meilleure amie, je raccroche en lui promettant de tout lui raconter. Observant autour de moi, je me dis qu’il est trop tard pour faire demi-tour. Puis une part de moi, la plus curieuse je pense, veut enfin rencontrer Sully. J’inspire profondément pour me donner du courage. Puis je me mets en route, sachant que je serais légèrement en avance. Tout en avançant, je remarque qu’il n’y a pas grand monde dans le parc. Mais au fond, c’est logique, vu qu’il s’agit de ma journée de repos ; donc la plus part des habitants travaillent sûrement. Je prends place sur un banc, celui où on s’est donné rendez-vous, bien que j'aie quelques petites minutes d'avance. J’espère que c’est le bon et que je ne me suis pas trompée d’endroit …

C'était aujourd'hui le grand jour. J'avais peur. Je n'avais cessais de regarder l'horloge juste au dessus de la porte d'entrée. J'avais déjà repoussé une fois le rendez-vous puis Kaya avait fait de même. Mais nous avions ensuite convenue qu'aujourd'hui était la date parfaite. Je devais fermer la boutique plus tôt. Je pressais un peu les derniers clients à sortir, sans pour autant être impoli et une fois ses derniers partis, je retournais la pancarte. les gens pouvaient lire "exceptionnellement le Little Book ferme ses portes". Olivia m'avait gentiment proposé de rester et de garder la librairie, mais je l'avais libérée pour qu'elle puisse un peu s'amuser ou faire ce dont elle avaient envie. Nous avions convaincue avec Kaya de se retrouver sur un banc juste devant l'arbre aux amours. Il se nommait ainsi, car il était garni d'initiale de couple et de cœur. Je trouvais ça plutôt romantique. J'avais fermé la librairie assez tôt pour avoir le temps de rentrer chez moi et de me rendre présentable, enfin si cela est possible. Je me regardais dans mon miroir et je soufflais. Non mais qu'est ce qui me prenait ! Je suis con ou quoi ? J'aurais dû lui dire pour ma taille, enfin la taille n'est plus important, mais elle va tomber de haut en me regardant. Voilà que je commence à stresser. J'essaie de chasser ses pensées négatives de ma tête. C'est le miaulement de Miki qui me ramène dans le monde réel. Je regarde l'heure, il est temps. Je fais une caresse à Miki avant d'enfiler mon manteau. « Souhaite moi bonne chance ! » Ajoutais-je en regardant mon chat.
J'étais près du parc, j'avais décidé de m'y rendre à pieds, n'aimant pas trop la voiture. J'en ai une mais à part pour faire les courses, je ne la prends presque jamais. J'étais donc dans le parc, me dirigeant vers le lieu du rendez-vous un bouquet de roses à la main. Mon cœur accélérait et ma respiration se fait de plus en plus forte. Je l’aperçois au loin avec sa chevelure feu. Elle est si belle. J'ai envie de faire demie tour, mais je ne peux pas lui faire ça. Nous nous sommes tellement bien attendu ce n'est pas cinquante centimètres qui va changer ça. Je me trouve face à elle. « Kaya ? » Je lui tends le bouquet. « C'est moi, Sully... Enfin Owen ! J'espère que tu n'es pas trop déçue par ce que tu vois. Je peux m'asseoir ? » Bredouillais-je difficilement.

Tout en torturant mon pauvre sac, je ne cesse de stresser. J’ai peur que tout ce qui s’est passé derrière nos écrans respectifs, partent en fumée. Peut-être que la réalité ne nous conviendra pas ? Peut-être que finalement, on n’a pas été sincères l’un envers l’autre ? Personnellement, je ne l’ai pas été sur toute la ligne … Mon âge est faux et ma fille, lui ai inconnu. Pourtant, j’aurai pu à de nombreuses reprises lui parler de ces deux parts de ma vie. Mais je ne l’ai jamais fait …

Patiemment, j’attends. Bien que je n’ose pas regarder réellement autour de moi. Suis-je prête à faire cette rencontre ? C’est une bonne question. Surtout que je commence à me sentir coupable de lui avoir caché la vérité. Je sursaute légèrement lorsqu’une personne s’arrête devant moi. Je lève alors les yeux de mon sac et suis surprise de ce que je vois. Un homme, de petite taille. « Kaya ? » J’hoche la tête, ne sachant pas quoi dire de plus. Il s’agit donc bien de Sully. Je m’étais attendue à beaucoup de chose … sauf à ce qu’il soit nain. Ma mère m’a toujours dit de ne pas juger le physique, mais j’avoue être surprise. Lorsqu’il me tend le bouquet de roses, je l’attrape et le remercie d’un sourire. Elles sont magnifiques et au fond de moi, je me dis qu’elles seront parfaites sur la table de la cuisine de notre petit appartement. « C'est moi, Sully... Enfin Owen ! J'espère que tu n'es pas trop déçue par ce que tu vois. Je peux m'asseoir ? » Mentalement, je me colle une baffe, parce que je n’ai pas toujours ouvert la bouche depuis qu’il est arrivé. « Oui bien sûr tu peux t’asseoir Sul … Owen, il n’y a personne de toute façon ! Et merci pour les fleurs, il ne fallait pas. Elles sont superbes …» Je souris, espérant que ça ne fait pas trop sourire forcé. Après avoir posé mon sac sur le sol, je me dis qu’il faudrait sûrement que je lui réponde. Est-ce que je suis déçue de ce que je vois ? Je ne sais pas réellement. Pour le moment, je suis toujours sous le compte de la surprise. Mais la déception ne fait pas partie de ce que je ressens pour le moment. « Non je ne suis pas déçue … Du moins, je ne pense pas … Et toi, tu n’es pas trop surpris ? D’ailleurs, ce n’est pas grave, si tu ne travailles pas aujourd’hui ? »

Je l'avais rencontré il y a des mois et j'étais comme tombé sous son charme. Tout me plaisait chez elle et nous avons commencé à discuter par téléphone, nos conversations duraient de plus en plus longtemps. Je lui envoyé un message tous les jours. Puis je me lui lancé lui disant que j'aimerais la voir, ou seulement l'apercevoir au moins une fois et elle a répondu positivement à ma demande. A cet instant, j'étais l'homme le plus heureux de la terre. Puis j'ai tout de suite regretté ses mots. Je me disais que j'étais un réel idiot ! Que j'aurais lui dire "Au fait Kaylee, je suis une personne de petite taille, mais à par ça je suis le même"... Je m'en voulais. Mais en même temps, elle m'aimait bien, donc si elle tient vraiment à moi, ma taille ne changera rien.
Me voilà donc dans ce parc et je la vois sur un banc, elle est tellement belle. Je m'avance timidement l'interpellant, puis je me présente lui tendant les fleurs. Je vois bien qu'elle est un peu choquée par ce qu'elle voit. Je lui demande si je peux m'installer près d'elle. Un blanc s'installe, mais elle reprends vite la parole, me permettant de m'asseoir à ses côtés. Au passage elle me remercie pour les fleurs me disant qu'il ne fallait pas. Je me dirige vers le banc et je m'assois, avec un peu de mal, mais j'y arrive. Je ne suis pas non plus empoté. « Mais si, c'est la moindre des choses d'apporter des fleurs au premier rendrez-vous... » Je rougis un peu. Pour tout avouer, nous n'avons jamais mis de mots sur cette rencontre. Était-ce un rendez-vous ? La rouquine reprends la parole pour répondre à ma deuxième question qui était est ce qu'elle était déçue de ce qu'elle voyait. Elle me répondit qu'elle ne pensait pas et me retournait la question, en me demandant également si ça ne gênait pas que ma boutique soit fermée aujourd'hui. « Je ne suis pas surpris, bien au contraire, même si je dois avouer que tu fais plus jeune que ton âge. Puis pour ma boutique ce n'est pas gênant, elle est toujours ouverte, donc une fois la fermer, ce n'est pas bien méchant, avec tout cet internet en plus, ils sont rare les gens qui aiment encore lire sur papier... »

Je ne sais pas réellement sur quel pied je dois danser. D’un côté, je suis surprise de sa petite taille. De l’autre, je me dis que c’est toujours le même Sully, enfin Owen, avec qui je parle depuis un an. Mais c’est vrai que sa taille est surprenante … et je dois dire que j’aurai aimé qu’il m’en parle tout de même, avant cette rencontre. Mais maintenant, il est trop tard pour revenir en arrière de toute façon … Puis bon, comme me le souffle mon esprit, il n’est pas le seul à avoir omis quelques détails. Et au fond de moi, j’espère que je n’aurai pas besoin de les aborder aujourd’hui … Parce que mentir de la sorte, ce n’est pas quelque chose de très honnête. Et encore, je lui ai caché que j’avais une petite puce et j’avoue que ce détail, est celui qui me fait le plus peur  à dire à haute voix.

Prenant sur moi et espérant cacher au mieux ma surprise, je signale à Owen qu’il peut s’asseoir à mes côtés. Après tout, je ne vais le laisser planter debout … Je le remercie également pour les fleurs. C’est vrai qu’elles sont très belles, mais je me sens un peu idiote de n’avoir rien emmené. Mais après tout, qu’aurais-je bien pu lui offrir ? Je n’en ai aucune idée, n’ayant jamais vécu ce genre de rencontre. Je le vois avoir un peu de mal à s’asseoir sur le banc, et aussitôt, je me demande si c’était une bonne idée de se rencontrer au parc. Mais tout endroit doit être compliqué pour lui, non ?  Je lui souris légèrement, lorsqu’il me dit que c’est la moindre des choses lors d’un rendez-vous. Je le vois rougir et pour ma part, je laisse vagabonder mon regard au loin, de façon à ne pas montrer ma gêne non plus. On n’avait jamais dit que cette rencontre serait un rendez-vous. Je préfère autant reprendre la parole, lui retournant sa question. Après tout, il est peut-être déçu de ce qu’il voit. Lorsqu’Owen évoque mon âge, je me fige et n’ose rien dire, le laissant terminer. Je ne vais sûrement pas pouvoir éviter les sujets fâcheux bien longtemps encore …. « C’est sûr qu’internet ne doit pas aider beaucoup ta boutique … Bien que je ne comprenne pas qu’on puisse remplacer la sensation du papier dans les mains, contre un écran … ». C’est vrai que personnellement, je préfère la sensation du papier. Mais après, chacun à ses goûts, ce que je respecte. Intérieurement, je continue de me dire que j’aimerai lui cacher encore la vérité sur mon âge, ainsi que l’existence de ma petite puce. Bien que je ne sois pas prête à aborder le fait qu’Alia est dans ma vie, il faut au moins que je ne lui cache pas trop de chose … « Hum … Tu as parlé de mon âge tout à l’heure … En effet, je suis légèrement plus jeune que ce qui était écrit … ». Je n’ose pas le regarder en face. Baissant les yeux au sol, j’appréhende sa réaction.

Je me sentais assez mal à l'aise, comme si j'avais menti.. Ce n'était pas vraiment le cas, j'avais juste omis quelques détails consciemment. Etait-ce mentir aussi ? Quoi qu'il en soit ce qui est fait est fait et je ne peux pas revenir en arrière ! J'ai déjà essayé de jouer franc jeu, avant Kaylee, j'ai rencontré Amanda, nous avions discuté et elle m'a dit qu'elle m'aimait bien et quand je lui ai dis que je mesurais un mètre trente-cinq, elle s'est déconnectée et je n'ai plus eu de nouvelles. Je n'ai pas honte de ma taille, bien au contraire. C'est une grande force, comme le disait ma défunte mère, mais quoi qu'il en soit, elle m'handicape ! Je ne voulais pas de ça avec Kaylee, j'avais eu un réel coup de coeur et je ne voulais la perdre à cause de quelques centimètres...
Quoi qu'il en soit, j'étais assis près d'elle et elle n'avait pas d'autres chois que de faire avec... Je rougis un peu lorsque je parle de rendez-vous, mais Kay doit voir mon malaise et ne dit rien à ce sujet préférant parler de ma boutique. Je l'écoute et je souris. Elle pense comme moi, le papier c'est irremplaçable ! « Tout a fait d'accord, puis sur un écran il n'y a pas l'odeur des livres ! J'adore vraiment cette odeur... Puis les ordinateurs sont mauvais pour les yeux. On m'a proposé d'installer des ordinateurs dans la librairie mais j'ai refusé, il n'y a rien de mieux qu'un bon livre... » Je parle et je m'arrête me trouvant un peu stupide de parler comme ça des livres. Elle va me prendre pour un fou. Je ris un peu avant de faire une remarque sur son âge, espérant que je ne l'ai pas gênée. Elle baisse les yeux, disant que j'ai raison que elle est un peu plus jeune que ce qu'elle a écrit. Je hausse un sourcil. « Tu sais si tu n'as pas encore fêté ton anniversaire c'est rien, c'est pas un an qui va changer grand chose ! » Je ris, mais je me stoppe aussitôt voyant qu'elle ne partage pas cette avis. Je reprends mon sérieux avant d'enchaîner. « Tu as quel âge réellement ? » J'avais peur qu'elle me dise qu'elle avait vingt ans, déjà quand j'ai vu qu'elle en avait vingt-huit j'appréhendais à cause de la différence d'âge...

Mentir pas acquis de conscience est-ce mentir réellement ? Actuellement, je préfère ne pas me poser la question et parler de sa librairie. C’est un sujet beaucoup moins périlleux et dangereux. Du moins, je l’espère. Ainsi, il ne sera pas question d’âge, d’enfant caché ou de taille non avouée. Il y aura juste des livres, objets que j’affectionne tout comme Owen et qui peut lancer une conversation.

Je l’écoute avec attention me donner son avis, tout en souriant. Après tout, tout ce qu’il dit est la stricte vérité. Je ne comprends pas les jeunes de maintenant, qui font toutes leurs recherches sur internet, au lieu de chercher dans une encyclopédie. Et puis personnellement, je trouve ça impersonnel d’utiliser un écran, car avec quelques mots, on trouve toutes les informations désirées. Alors que lorsqu’on cherche dans un livre, on y passe du temps, on y met de l’attention et ce qui rend le travail meilleur selon moi. « J’aime aussi l’odeur des vieux livres … Et puis, un jour faudra que je passe peut-être dans ta librairie … ». Mais bien trop vite à mon goût, les livres sont oubliés pour laisser place à la question de l’âge. Je me doute bien que j’ai l’air plus jeune … En même temps, c’est la faute de Gloria tout ça ! C’est elle qui m’a dit de laisser l’âge qu’elle avait inscrit sur le site. Owen reprend la parole, déclarant que ce n’est pas parce que je n’ai pas encore fêté mon anniversaire, que ça va changer grand-chose. Si seulement il savait à quel point il se trompe … Ne partageant pas son point de vue, je ne peux rire ni même sourire avec lui. Lorsqu’il reprend la parole, la question fatidique ne tarde pas. Déglutissant avec difficulté, je suis incapable de poser mon regard sur lui. Je sais bien que je ne peux pas lui mentir plus, il est à deux doigts de découvrir la vérité. Je pourrais trouver une excuse idiote, prétextant que l’antirides fait des merveilles de nos jours. Mais ça servirait à quoi réellement ? Il y a bien assez du secret qui s’appelle Alia, pour en laisser un autre. « 23 … » La bombe est lancée, maintenant, va-t-elle exploser ? C’est une bonne question à laquelle je n’ai pas la réponse. Fermant les yeux et inspirant à pleins poumons, je me force à tourner la tête vers Owen. Je me demande bien ce qu’il en pense, de cette vérité qui n’arrivait pas réellement au bon moment … « Je ne vais pas te redemander si tu es déçu … Je pense que oui … Je suis désolée de te l’avoir caché, mais après tout, on a chacun ses petits secrets, qui forment notre vie, je pense … Mais je tiens juste à te dire, que je ne suis pas une menteuse, bien que ça en est tout l'air ..» Je me gifle mentalement car, j’en ai un autre et celui-là, il n’est pas petit. Mais je n’aurai pas la force de l’aborder aujourd’hui, du moins, je ne pense pas …

Je parle de ma bibliothèque, l'odeur des livres et je dois avouer que je m’enflamme un petit peu. Parler des livres me rend assez "gaga" comme le disait Ruby, mais c'est ma passion, j'aime ça et je ne peux pas m'en empêcher. Je la regarde et elle me dit qu'elle aussi aime l'odeur des vieux livres et ajoute qu'elle devra sans doute passer à la librairie à l'occasion. Je fais un signe de la tête. « Mais avec plaisir, j'en serais très ravi. » Je souris et j'enchaîne pour parler de son âge, je ne sais pas ce qu'il m'a pris. Je sais très bien qu'on ne demande pas un âge à une femme, mais je trouvais qu'elle faisait assez jeune et c'était un compliment. La rouquine me dit alors qu'elle est plus jeune. Bingo ! C'est ce que je pensais, elle doit encore avoir vingt-sept ans et c'est vieilli d'un an. Je lui dis alors que ce n'est rien si son anniversaire n'était pas encore passé, mais à voir son visage, je me dis que ce n'est pas ça, qu'elle doit être réellement plus jeune que ce qu'elle m'a annoncée. Je lui demande alors de me donner son vrai âge. « Vingt-trois ans !? » Répétais-je doucement après elle. J'étais un peu choqué, je ne l'imaginais pas si jeune. Est-ce que si dès le départ elle m'avait annoncé son vrai âge, j'aurais continué à lui parler ? Déjà quand j'ai vu "vingt-huit ans" sur son profil la première fois j'ai hésité à lui répondre, mais après tout qu'est ce que j'avais à perdre... Elle soupire avant de croiser mon regard pleins de doutes. Elle commence alors à dire qu'elle va pas me demander si je suis déçue mais que nous avons tous nos petits secrets et elle fini par me dire qu'elle n'est pas une menteuse. Je laisse un blanc, je réfléchis un peu avant de reprendre la parole. « Je n'ai pas été honnête sur ma taille, toi sur ton âge. Ce ne sont que quelques chiffres après tout, c'est rien ! Mais bon tant qu'on est sur les petites confidences, ce n'est pas écrit sur mon profil mais je suis végétarien. Maintenant si tu veux m'avouer encore quelque chose, c'est le moment.. » Je souris, pensant qu'elle m'a tout dit et qu'elle n'a rien d'autres à m'avouer.

La grande hantise que j’avais, vient d’arriver, plus vite que je n’aurai pu l’imaginer. J’ai honte de lui avoir menti, alors qu’à de nombreuses reprises, j’aurai sûrement pu lui dire que mon âge sur le site était faux. Je pourrais rejeter la faute sur Gloria, mais c’est moi qui ai décidé de ne jamais lui dire … Mais après tout, je suis presque certaine si j’avais écrit que j’avais vingt-trois ans, je n’aurai jamais autant parlé avec lui, pendant presqu’un an. Mais peut-être que mon mensonge, va causer tout ce que j’ai craint. Peut-être qu’Owen, va décider de prendre ses affaires et de partir, tout ça parce que je n’ai pas été honnête.

Après mon aveu, je le vois réfléchir pendant quelques minutes. Me demandant bien ce qu’il peut penser de moi, j’essaye de ne pas stresser alors que le silence devient pesant entre nous deux. Décidemment, cette histoire d’âge est un véritable calvaire ! On aurait mieux fait de ne jamais l’aborder ! Lorsqu’il reprend la parole, je fixe toute mon attention sur lui. C’est le moment fatidique, celui qui va définir où on en est. Owen dit qu’il n’a pas été honnête sur sa taille et moi sur mon âge, se justifiant en disant qu’il ne s’agit que de chiffres. Après tout, il n’a pas tout à fait tort. Il continue, en me disant que ce n’est pas écrit sur son profil et qu’il est végétarien. Et bien évidemment il me demande s’il y a autre chose qu’il devrait savoir. La question encore, que je voulais éviter … Est-ce que je dois parler d’Alia ? Je n’en sais strictement rien. Après tout, ça serait le moment parfait pour parler de ma petite fille. Au moins, je ne lui mentirai pas plus longtemps … Mais est-ce qu’il serait capable d’accepter, dans une seule et même journée, que je n’ai que vingt-trois ans, mais qu’en plus, j’ai une petite âgée de six ans. Je n’en suis pas certaine. Surtout que si ça se trouve, il n’aime pas les enfants, et dans ces cas-là, je suis sûre que cette dernière année, partira en fumée. J’ai l’impression d’être méchante envers Alia, en agissant aussi égoïstement. Pourtant, je n’ai jamais eu honte de ma fille, bien au contraire. Elle est même ma plus grande fierté, mon petit rayon de soleil. « Hé bien … J’ai une … un amour inconditionnel pour les pancakes. Si je pouvais en manger tout le temps, je le ferais. » Je ne mens pas réellement … Mais à mon avis, ce n’est pas ce genre de confidences qu’il voulait entendre. Par pur égoïsme, j’ai trop peur de le voir fuir si je lui parle d’Alia. Aussi, je préfère me taire pour le moment, même si je joue de nouveau avec les mensonges …

Son âge me gênait un peu c'est vrai, mais après tout ce n'était pas ce qu'il comptait le plus pour moi.. Comme je l'avais dit ce n'était que des chiffres. Je n'avais pas été honnête sur ma taille non plus. Un mètre trente ou un mètre quatre-vingt, j'étais le même homme avec lequel elle avait parlé durant cette année. Puis Kaylee était la même fille sur laquelle j'avais un faible, qu'elle ait vingt-trois ans ou vingt-huit... Du coup je préférais prendre cela avec légèreté et sur une note d'humour comme à mon habitude. Je lui ai donc dit que j'étais végétarien, même si cela ne changeait rien à notre relation. Je lui tendis une perche pour savoir si elle n'avait pas quelque chose à me dire également. Elle finie par m'avouer qu'elle aime les pancakes. Ce n'est que ça, moi aussi je les adore alors ça va ! « Je suis également fan des pancakes pour tout avouer ! » Je lui souris tout en balançant mes pieds, choses que je fais quand je suis stressé. J'aurais bien aimé marcher, aller se promener mais j'ai peur qu'elle voit ma taille comme un obstacle. Je me souviens qu'au début que j'étais avec Ruby je ne voulais pas sortir avec elle. Elle était tellement parfaite, et moi j'étais tellement.. moi.. Puis elle m'a donné le courage d'affronter le regard des autres. Mais lors de nos sorties, j'attends bien les réflexions des gens, je voyais leurs regards se posaient sur moi. J'ai l'habitude maintenant, il m'arrive même de faire des grimaces aux gens qui me fixent un peu trop, mais Kaylee n'est pas habituée à tout cela. Puis une question me trotte dans la tête. Qu'est ce que nous sommes l'un pour l'autre.. Après tout, j'ai faillit tout gâché avec mon mensonge et elle aussi, je pense qu'on a déjà passé le pire alors j'ai rien à perdre. « Dis-moi.. Je voulais savoir, tu penses que entre nous ça pourrait marcher ? Je dis pas nous marier et avoir des enfants et tout ça.. Mais seulement savoir si tu crois qu'il peut y avoir un second rendez vous... » je rougis timidement avant de reprendre. « Enfin si tu comptes ça pour un rendez-vous.. on peut dire que là c'est juste une rencontre et qu'il n'y a pas de rendez-vous.. » Je grogne un peu comme j'ai l'habitude de faire et je la regarde avant de baisser le regard. « Désolé. Depuis toujours quand une fille me plait j'ai tendance à parler sans réfléchir... » Est ce que j'avais dis ça à voix haute ?

Un des sujets auxquels que je ne voulais pas voir aborder, venait finalement de voir le jour. La question d’âge avait été posée, et heureusement, la bombe ne semblait pas exploser comme je m’y étais attendue. Mais bien vite, Owen m’avoue être végétarien et me demande si j’ai quelque chose d’autres à lui dire. C’est le moment parfait pour lui parler de ma petite princesse, ma petite Alia, qui fait partie de ma vie depuis six années maintenant. Mais au lieu de lui avouer, je fuis et me réfugie derrière un demi-mensonge. Parce que oui, j’aime énormément les pancakes, mais surtout lorsqu’on les cuisine et qu’on les mange ensuite devant la télévision, avec Alia. Je souris, lorsqu’Owen m’avoue qu’il est également un fan de pancakes. Au moins, il ne s’est pas rendu compte que je ne lui avoue pas toute la vérité. J’ai sûrement laissé passer ma chance, mais j’ai peur de le voir fuir, s’il venait apprendre que je suis maman.
Je le vois balancer ses pieds, et je fixe les miens. Je ne sais pas réellement quoi dire, car je continue de me dire que j’aurai dû lui parler d’Alia. Mais après, que sommes-nous l’un pour l’autre ? Des connaissances ? Des amis ? Autre chose ? Je n’en sais rien … Et Owen doit se poser exactement la même question, vue sa phrase lorsque qu’il reprend la parole. Je tourne la tête vers lui et le regarde, tout en réfléchissant. Peut-on parler du fait que nous sommes à notre premier rendez-vous ? C’est possible oui … Du moins, j’ai été stressée comme si ça l’était. Je le vois rougir, et je ne peux m’empêcher de trouver ça mignon. Alors que je m’apprête à répondre, il reprend la parole. Sa phrase me fait rire. Apparemment, je ne suis pas la seule à être un peu stressée. Je reprends mon sérieux bien vite, pour ne pas qu’il pense que je me moque de lui, ce qui n’est absolument pas le cas. Je décide de ne pas relever, pour ne pas le mettre à l’aise, si jamais ce n’est pas déjà le cas. « Hum … Peut-être pourrons nous dire qu’il s’agit d’un premier rendez-vous ? Parce que personnellement, j’ai un peu angoissée comme si c’était le cas … » Je détourne la tête légèrement et croise mes doigts sur mes cuisses, pour me forcer à continuer. C’est vrai que j’ai eu peur de cette rencontre, même si pour le moment, elle se passe bien. « Pour ma part, je pense qu’il peut y avoir un second rendez-vous … Si tu es d’accord, bien entendu ! » Je rougis, m’embrouillant les pinceaux. Qu’est-ce que j’aimerai être aussi à l’aise que Gloria, par moment ! Au même moment, mon téléphone sonne. Je le sors de mon sac, et me tourne vers Owen. « Excuse-moi ! ». Je décroche, ayant reconnu le numéro de l’école. J’écoute avec attention et soupire, lorsque la maîtresse d’Alia m’annonce seulement que ma fille a un peu de fièvre, et donc il faudrait éviter qu’elle aille à l’école cet après-midi. J’ai vraiment eu peur qu’il s’agisse de quelque chose de grave ! Je raccroche et me tourne vers Owen, espérant qu’il ne va pas me poser des questions, sinon, je vais encore devoir lui mentir. « Excuse-moi, je pensais que c’était important. Alors dis-moi, que vas-tu faire cet après-midi ? » Une question basique, espérant ne pas avoir trop de question sur ce coup de téléphone imprévu.

Je stressais. Il faut dire apprendre qu'elle avait quelques années de moins, me fit un peu l'effet d'une bombe, mais ça ne changeait rien à la Kaylee que j'aimais bien. Puis j'avais fait de même avec ma taille, sauf que ça, je ne pouvais pas le cacher. J'appréciais l'honnêteté, c'est une valeur sur laquelle je suis attaché ! On le dirait pas comme ça, car je n'ai pas dit combien je mesurais, mais ce n'est pas comme si sur mon profil, j'avais écrit un mètre quatre-vingt, j'avais juste laissé le champ vide et elle ne m'a pas demandé, donc bon... Je finis par lui avouer que j'étais végétarien, et elle me dit qu'elle aimait les panecakes, comme ça c'était claire il n'y avait plus aucun secret entre nous. Maintenant que ce petit malentendu était dernière nous, je pouvais parler de ce qui me tracassais, c'est à dire de cette rencontre, qu'était-elle réellement ? Je balançais mes pieds, comme je fais à chaque fois que je deviens un peu nerveux, mais prenant le peu de courage que j'ai, je lui demande, si elle pense que dans le futur il pourrait il avoir un "nous" ou du moins si on pourrait se revoir. Je grogne, comme je fais a chaque fois. J'ai toujours fait depuis petit et ma mère s'amusait à m'appelait grincheux, ce qui m'énervait au plus haut point ! Je finis par lui dire qu'elle me plait bien et je rougis, j'essaie de baisser le regard pour pas qu'elle ne le voit, mais je suis sûre que je ressemble à une tomate. J'entends le son de sa voix, mais je n'ose pas la regarder. Puis elle finit par dire qu'on pourrait dire que cette rencontre est notre premier rendez-vous, je lève la tête la regardant. Et elle m'avoue qu'elle stressait et finit par me demander si un second rendez-vous me plairait. « Oui ! » Criais-je assez enthousiasme, sans lui laisser le temps de finir sa phrase. Je me racle un peu la gorge pour reprendre. « Je veux dire oui, ça serait avec grand plaisir ! » Son téléphone se met à sonner et elle s'excuse pour répondre. J'essaie de ne pas trop écouter ce qu'elle dit, pour lui laisser son intimité et après quelques minutes, elle reporte son attention sur moi en s’excusant croyant que c'était important ! « C'est rien. Puis si tu ne décroches pas, tu ne peux pas savoir si c'était important ou pas. Pour après-midi je ne sais pas, je m'étais dit que si ça ne marchais pas, je pouvais toujours essayé d'écrire un peu... Je... J'aimerais écrire un roman, j'ai les idées, mais sur papier, je sèche complètement. » Je m'arrête de parler, voyant qu'elle a l'air contrariée. « Tu vas bien ? Tu n'as pas l'air toute là. C'est à cause de ce coup de fil ? Tu sais, si tu dois aller quelque part, ou faire un truc, je ne t'en voudrais pas... On a qu'à décider de quand on peut se revoir et s'arrêter là pour aujourd'hui... » J’espérais qu'elle ne prenne pas mal mes propos, je voulais juste lui faire comprendre que si elle avait un imprévus, que je comprenais et que je ne lui en tenais pas rigueur !

Lorsqu’Owen me demande si on peut parler d’un premier rendez-vous, je préfère lui répondre que oui. Après tout, je ne mens pas en disant que j’ai angoissé comme si ça avait été le cas. C’est bien pour ça que Gloria m’a appelé, pour me rassurer et surtout, pour me dire que tout se passerait bien. Si elle n’avait pas été là, je crois bien que j’aurai rapidement fait demi-tour et aurais téléphoné à Owen pour lui dire que j’avais eu un empêchement et qu’il faudrait reporter. Je continue en disant que pour moi, il pourrait en effet y avoir un second rendez-vous, si bien évidemment il était d’accord. Chose qu’il me confirme, par ce qu’on pourrait un cri qui vient du cœur. Il se reprend, prenant ainsi une voix un peu plus calme, en disant que ça serait avec plaisir. Je lui souris simplement, n’ayant pas le temps de répondre, car mon téléphone se met à sonner. Je m’excuse et réponds, espérant qu’il n’est rien arrivé de grave à Alia. Après tout, elle aurait pu tomber à l’école et se faire mal. Fort heureusement, ce n’est rien de grave, hormis un peu de fièvre. Après avoir raccroché, rassurée, je me tourne vers Owen, lui demandant ce qu’il comptait faire cet après-midi. C’est une question basique, j’en ai bien conscience, mais au moins, je peux espérer qu’il ne poserait pas trop de questions sur ce coup de téléphone non prévu. Il m’explique qu’il aimerait écrire, mais qu’au moment de coucher les mots sur le papier, l’inspiration s’en va au galop. Je cherche quoi lui répondre, sans paraître trop bête, tout en pensant à Alia. Même si la maîtresse m’a légèrement rassuré, je ne peux m’empêcher de me demander si elle va bien.
Je dois vraiment paraître ailleurs, car Owen reprend la parole pour me demander si tout va bien… Je m’en veux, surtout qu’on passait un bon moment, mais mon esprit ne cesse de penser à Alia. Je n’ai pas l’impression qu’il m’en veuille, mais après tout, si c’était le cas, je comprendrais entièrement. « Oui oui ça va … C’est simplement que même si ce n’était pas un coup de téléphone important, je ne cesse d’y penser, désolée … » Je baisse les yeux et range mon téléphone après avoir vérifié l’heure. Dans peu de temps, il faudra que je rentre pour faire à manger, et ensuite, aller chercher Alia à l’école. Et avec ce rendez-vous, je ne sais même pas ce que je vais préparer pour le déjeuner, je n’y ai pas réfléchi hier soir. « Je suis désolée, ce n’était pas prévu, mais effectivement, je ne vais pas devoir trop tarder. J’espère que tu ne m’en veux pas … Mais comme tu dis, on peut déjà prévoir un … un second rendez-vous, comme ça, la prochaine fois, aucun imprévu ne viendra pointer le bout de son nez j’espère ! Alors, quand désires-tu qu’on se revoit … ? » Je parle sûrement avec un peu trop de mystère, mais tant pis. J’ai décidé de ne pas lui parler d’Alia, et je ne peux pas faire d’impair maintenant. Mais c’est vrai, qu’égoïstement, j’espère qu’il ne m’en voudra pas, mais surtout, qu’on pourra rapidement se revoir. Parce que je trouve que pour une première fois, un premier rendez-vous, tout ne s’est pas si mal passer. Du moins, c’est mon avis.