C'est un beau jour, pour pardonner... ◈ Kervie

Je ne savais pas comment réagir face à cette nouvelle. J'aurais pu prendre ma veste et partir tout simplement, mais je n'en avais pas envie. Je ne voulais pas en savoir plus, du moins pas maintenant.. Je me contenta de lui demander ou était ma chambre que je voulais m'allonger. « Oui, bien sûr. » Me dit-elle en essuyant ses larmes, comme si elle était soulagée que je ne parte pas... Je me contenta de la suivre sans un mot. « On a une deuxième chambre, j'y dormirai t'en fais pas. » Je me forçais à sourire et lui fit un petit signe de la tête pour la remercier. J'entrais dans la chambre caressant la couverture, comme si cette sensation aller faire remontrer des souvenirs... Je ne regardais pas Evie, j'entendis juste un petit grincement de porte. « Je suis désolée... » Quand je me suis retourné, la porte était close et Evie plus là. Je soupirais.. Je ne savais pas quoi faire ni comment réagir. J'enlevais mes chaussures et me posais sur le lit. Je fermais un peu les yeux juste quelques secondes, juste pour oublier..

J'ouvris soudain les yeux. Je mettais endormi ! Je jetais un œil au réveil, il était un peu moins de six heures du matin. J'avais dormi toute la nuit puis une bonne partie de la journée de la veille. Il faut dire que j'en avais besoin... Je me levais doucement sans trop faire de bruit et je descendis dans la cuisine. J'avais envie de manger ! J'ouvrais les placards et je vis un pot de beurre de cacahuète. « Super ! » lançais-je doucement. J'essayais de l'ouvrir mais avec une main c'était impossible, vu que l'autre j'avais une atèle et je ne pouvais pas trop la bouger. Une voix derrière moi me fit sursauter. je me retournais tenant fermant le pot. « Oh Evie... Tu m'as fait peur. C'est moi qui t'es réveillé ? »

Je n'avais quasiment pas fermé l'oeil de la nuit. J'avais mangé seule et m'étais doutée que Kerwan avait du s'endormir. J'avais fini par me coucher vers 1h du matin et m'étais réveillée vers 5h. Une courte nuit mais j'étais inquiète. J'avais peur que Ker' aille mal, aussi bien psychologiquement que physiquement. Alors quand à peine une heure plus tard j'entendis du bruit dans l'autre chambre je fus rassurée. Ce n'était pas un bruit de chute. J'entendis la porte s'ouvrir mais attendis un peu avant de moi même sortir de la chambre.

En arrivant à la cuisine je vis Kerwan galérer avec un pot de beurre de cacahuète et ne pu m'empêcher de sourire. « Bonjour » lui lançai-je timidement. « Oh Evie... Tu m'as fait peur. C'est moi qui t'es réveillé ? » Il avait l'air plutôt serein dans sa phrase, avait-il pris une décision ? Je stressai et ne pouvais pas le nier. Et puis, le revoir dans la cuisine me rappelait beaucoup de souvenirs, de bons souvenirs…

« Non t'en fais pas ça fait un petit moment que je suis réveillée. » Je m'approchai du plan de travail. « Tu veux de l'aide ? » lui demandai-je en désignant le pot. Je n'avais pas envie de reparler de la veille, je préférais que ça vienne de lui.

J'avais l'impression d'avoir fermer les yeux que quelques minutes, pourtant j'ai du dormir plus de douze heures... Quoi qu'il en soit, la faim me fit me lever et voilà que je me battait avec un pot de beurre de cacahuète. « Bonjour » la voix d'Evie me fit sursauter et je me retournais pour la regarder. Elle était tellement belle..

Je lui demandais si je ne l'avais pas réveiller, car il est vrai que je faisais un peu de bruit, ne sachant pas ou sont ranger les affaires j'ai un peu mis le bazar. « Non t'en fais pas ça fait un petit moment que je suis réveillée. » Je souris doucement à ses mots. Je n'avais toujours pas oublié son aveux d'hier. Elle m'a trompée ! J'avais beau essayé de chasser cette idée de ma tête, je revoyais la scène encore et encore. Puis je me demandais comment l'avais-je appris ? Me l'avait-elle dit ? L'avais-je découvert par moi même ? Puis ma réaction, avais-je étais violent avec elle ? Trop de questions... Mais le son de sa voix chassèrent toutes ses pensées. « Tu veux de l'aide ? » Je lui tendis sans broncher le pot que j'avais dans les mains, il est vrai que j'avais ma fierté mais javais faim surtout ! « Je ne serais pas contre à vrai dire... »

Il me tendit aussitôt le pot « Je ne serais pas contre à vrai dire... ». Cela me rassura, il acceptait au moins mon aide, mais pour combien de temps ? Je lui ouvris le pot et le lui tendis avant de sortir deux verres et deux tasses. Je préparais ensuite du lait chaud pour du cacao. « Tu prends du chocolat chaud et du jus de fruits ou autre chose ? » C'était ce qu'il prenait toujours mais peut-être que ses goûts avaient changés après tout, je ne savais pas. J'essayais de parler comme si tout allait bien mais me demandais toujours ce qui se passait dans sa tête. Je sortis également le pain de mie et la brioche, il pourrait faire son choix.

La situation était tellement spéciale. J'étais heureuse de l'avoir avec moi mais c'était aussi comme si je ne le connaissais pas, je ne savais pas où nous en étions et, quelle que soit sa décision, qu'en serait-il quand ses souvenirs émergeraient s'ils revenaient un jour ? Et puis, c'était difficile de savoir comment agir, je lui avais balancé tout ça alors qu'il se retrouvait dans une maison qu'il ne connaissait pas, qu'il avait appris quelques jours plus tôt qu'il s'était marié...

Elle me proposa son aide et je ne refusais pas, j'avais bien trop faim. Une fois le pot ouvert un grand sourire apparue sur mon visage comme si c'était noël. J'étais fan du beurre de cacahuète et j'avais l'impression de ne pas en avoir manger pendant des années. « Tu prends du chocolat chaud et du jus de fruits ou autre chose ? » Me demanda-t-elle alors que je volais une cuillère de beurre de cacahuète dans le pot et que je l’englouti. « Non, cha me va cha ! » J'avalais le contenue de ma cuillère avant de reprendre. « Le lait et le jus de fruit ça me va merci !» Evie sortie tout ce qu'il faut pour déjeuner et nous mangions en silence. Elle ne lançais pas la conversation, trop occupée à penser ce que moi je pensais sans doute. C'était un peu méchant de la laisser comme ça, sans rien lui dire, mais je voulais manger tranquillement. je suis le genre de personne qui quand elle se prend la tête, perd l’appétit et je ne voulais pas. Une fois le déjeuner terminé, je mis les tasses dans le lave vaisselle, moi qui ait toujours rêvé d'en avoir un, c'était chose faite.

Je retournais à ma place, fixant Evie du regard. « Je pense qu'on devrait parler d'hier... Tu sais que tu m'as.. enfin tu sais quoi.. Je pense avoir pris une décision pour nous, notre couple. Mais avant j'avais une question et tout dépends de cette réponse, beh ma décision changera.. » Je soufflais longuement, regardant la table cherchant le courage de poser cette fameuse question. « Est ce que tu as couché avec cet homme, car tu n'étais pas heureuse avec moi ? J'ai fais quelque chose qui ne t'a pas plus ? Je ne veux pas les détails de la relation, ou pourquoi tu as fais ça. Juste savoir si c'est en partie à cause de moi...»

Le petit déjeuner se passa dans le silence, pesant pour ma part. Une fois le couvert débarrassé et la table nettoyé, Kerwan reprit la parole. « Je pense qu'on devrait parler d'hier... Tu sais que tu m'as.. enfin tu sais quoi.. Je pense avoir pris une décision pour nous, notre couple. Mais avant j'avais une question et tout dépends de cette réponse, beh ma décision changera.. » Il marqua une pause qui me sembla interminable avant de me la poser : « Est ce que tu as couché avec cet homme, car tu n'étais pas heureuse avec moi ? J'ai fais quelque chose qui ne t'a pas plus ? Je ne veux pas les détails de la relation, ou pourquoi tu as fais ça. Juste savoir si c'est en partie à cause de moi...»

« Même si tu voulais les détails il n'y en a pas… J'ai rien prémédité, j'étais consciente je vais pas dire le contraire mais je l'ai jamais voulu. » commençai-je en m'asseyant. « On a des boulots prenants et je n'ai pas changé je me donne toujours à fond dans ce que je fais, la je pense que j'étais allée trop loin dans le boulot, c'est la seule chose que je vois pour que j'ai perdu la raison. » Je m'étonnais à parler si posément et tout en le regardant alors que j'étais morte de honte. « Tu n'as rien fait et j'étais heureuse avec toi, je te l'ai dit, je t'aime Kerwan et ça n'a jamais cessé... » Je marquai une courte pause avant de terminer. « Tu l'as découvert parce qu'il me harcelait de sms le lendemain mais je te l'aurais dit, je n'en ai juste pas eu le temps. » Je triturai à nouveau mes doigts, vieux tic de stress, ne sachant pas du tout ce qui allait découler de tout ça.

J'avais pris le temps de lui demander calmement si son infidélité avait un rapport avec moi. Il faut dire que je pouvais très bien ne lui plus lui accorder autant de temps qu'avant, ou peut-être la passion entre nous s'était éteinte ? Dans un couple nous sommes deux, certes elle m'a trompé, mais peut-être n'était-ce pas à cent pour cent sa faute. Je lui accordais le bénéfice du doute et surtout, j'avais besoin de de réponses ! « Même si tu voulais les détails il n'y en a pas… J'ai rien prémédité, j'étais consciente je vais pas dire le contraire mais je l'ai jamais voulu. » Cela me rassurait, je ne voulais pas entendre les détails... « On a des boulots prenants et je n'ai pas changé je me donne toujours à fond dans ce que je fais, la je pense que j'étais allée trop loin dans le boulot, c'est la seule chose que je vois pour que j'ai perdu la raison. » Je l'écoutais avec attention. J’analysais chacun de ses mots et ses gestes, sans pour autant lui couper la parole. « Tu n'as rien fait et j'étais heureuse avec toi, je te l'ai dit, je t'aime Kerwan et ça n'a jamais cessé... » Je ne pus m'empêcher de sourire et je mordis aussitôt ma lèvre, pour ne pas lui dire que moi aussi je l'aimais.. Elle finissait son monologue sur cette phrase : « Tu l'as découvert parce qu'il me harcelait de sms le lendemain mais je te l'aurais dit, je n'en ai juste pas eu le temps. » .

Je hochais la tête pour lui faire comprendre que j'avais tout entendu et je ne voulais pas la faire attendre plus longtemps. Le truc c'est que je l'aimais, comme un fou.. « Je ne veux pas divorcer... J'aurais préféré ne pas le savoir, mais j'apprécie que tu me l'ai dis.» Je me levais de ma chaise pour la rejoindre et me mettre face à elle. « Evie, je t'aime. J'ai mal de savoir ce que tu as fait, mais je vois bien que tu t'en veux. Je ne sais pas si je peux te refaire confiance après ça... » Je marquais une courte pause avant de reprendre. « Mais.. J'aimerais essayer de te redonner une chance de te racheter ! Je dis pas qu'on va faire comme si rien ne s'était passé, mais je veux pas te perdre... Promets-moi seulement, que c'est arrivé qu'une fois et qu'une seule fois et que surtout ça n'arrivera plus... »

« Je ne veux pas divorcer... J'aurais préféré ne pas le savoir, mais j'apprécie que tu me l'ai dis.» J'écarquillai légèrement les yeux à sa phrase, comment pouvait-il prendre sa décision aussi vite ? Je craignais qu'il ne le regrette plus tard, il devait être sous le choc de ces derniers jours et je ne voulais pas que tout aille trop vite. Je l'aimais oui mais je ne voulais pas jouer avec lui. « Evie, je t'aime. J'ai mal de savoir ce que tu as fait, mais je vois bien que tu t'en veux. Je ne sais pas si je peux te refaire confiance après ça... » L'entendre me dire à nouveau qu'il m'aimait me fit monter les larmes aux yeux, l'ayant tellement espérer depuis des mois… Me refaire confiance ? C'était douloureux à entendre mais compréhensible. « Mais.. J'aimerais essayer de te redonner une chance de te racheter ! Je dis pas qu'on va faire comme si rien ne s'était passé, mais je veux pas te perdre... Promets-moi seulement, que c'est arrivé qu'une fois et qu'une seule fois et que surtout ça n'arrivera plus... » Je l'avais écouté et j'étais partagée entre la joie et les doutes.

« Je te le promets… Ecoute je sais que ce n'est pas facile et je ne veux pas que tu regrettes ton choix… Tout ce que je peux te dire c'est que c'est parce que je t'aime réellement que je t'ai tout dit tout de suite, je te l'aurais dit à l'hôpital si j'avais pu. J'aurais pu faire comme si de rien n'était et te faire croire que tout était rose... »

Et cette décision n'était pas seulement lié au fait que les souvenirs pouvaient arriver à n'importe quel moment mais bien parce que je lui devais la vérité, même si elle était blessante. J'avais envie de le serrer contre moi mais n'osai pas...

J'avais certes dormi une bonne partie de la nuit, mais j'avais aussi cogitée. Tout le monde dit que la nuit porte conseil et je crois que cette phrase est vraie. Une chose dont j'étais sûr et certain, c'était que je l'aimais. Oui j'aimais Evie, j'étais fou d'elle. Elle m'avait fait du mal à m'annonçant son infidélité, mais c'était du passé je ne m'en souvenais pas.. Pour moi ça n'était pas arrivé. Je voulais lui faire part de mon choix. Lui dire que je voulais rester avec elle, même si cela n'allait pas être facile, mais étrangement, Evie ne semblait pas tout a fait d'accord avec ma décision. Du moins, j'avais l'impression qu'elle avait du mal à me croire et qu'elle avait peur que je change d'avis. Je finissais en lui demandant de me promettre qu'elle ne recommencerait plus... « Je te le promets… Ecoute je sais que ce n'est pas facile et je ne veux pas que tu regrettes ton choix… Tout ce que je peux te dire c'est que c'est parce que je t'aime réellement que je t'ai tout dit tout de suite, je te l'aurais dit à l'hôpital si j'avais pu. J'aurais pu faire comme si de rien n'était et te faire croire que tout était rose... »

Je l'écoutais et je souriais. C'était bien la seule fille au monde à ne pas profiter de cet accident par égoïsme. Elle m'a dit la vérité, c'était dur à entendre, mais au moins elle ne m'a pas menti. « Je ne vais pas regretter mon choix. Je te propose qu'on reparte à zéro, enfin pas totalement, mais qu'on prenne notre temps. Je sais que je ne veux pas te perdre et ça tu ne me feras pas changer d'avis... Après oui, savoir ce que tu as fais me fait du mal, mais c'est du passé. Puis tu sais ce qu'on dit, faut avouée, à moitié pardonner... » Je lui souris doucement, avant de me lever et d'aller vers elle. Ouvrant grand mes bras. « Tu veux bien me faire un câlin ? Puis en tant qu'infirmière tu dois te soumettre au désir de tes patients ! Donc tu n'as pas vraiment le choix... » Elle me manquait trop et je voyais bien qu'elle avait besoin d'un câlin, tout comme moi d'ailleurs...

J'avais été honnête avec lui, c'est dans ma nature et je n'allais pas changer comme ça. Je ne comprenais toujours pas pourquoi j'avais fauté avec cet interne car pour moi l'infidélité était le pire de tout même avec de l'alcool, fatigue ou je ne sais quelle raison… Mais bon… Kerwan semblait me croire et il allait falloir que je l'accepte. « Je ne vais pas regretter mon choix. Je te propose qu'on reparte à zéro, enfin pas totalement, mais qu'on prenne notre temps. Je sais que je ne veux pas te perdre et ça tu ne me feras pas changer d'avis... Après oui, savoir ce que tu as fais me fait du mal, mais c'est du passé. Puis tu sais ce qu'on dit, faut avouée, à moitié pardonner... » J'esquissai un sourire même si j'avais toujours peur. Il se leva ensuite et s'avança vers moi, ouvrant ses bras ce qui élargit mon sourire. « Tu veux bien me faire un câlin ? Puis en tant qu'infirmière tu dois te soumettre au désir de tes patients ! Donc tu n'as pas vraiment le choix... » Je n'attendais que ça en fait sans l'oser. Je me relevai de la chaise et me blottis contre lui, les bras autour de son cou.

« Tu m'as manqué... » lui dis-je la tête enfouie dans son cou. Sentir son corps contre le mien était si inespéré que j'avais l'impression que c'était la première fois que l'on se prenait dans les bras l'un de l'autre. Oui on allait y aller doucement, c'était le mieux à faire dans tous les cas.

Je lui avais dis que je ne voulais pas la perdre, mais qu'on irait doucement elle et moi. Je ne voulais pas précipiter la chose. Puis nous étions pas réellement divorcé, mais en instance de divorce, donc on pouvait encore arrêter... Elle avait fauté certes, mais je savais qu'elle s'en voulait, puis même si l'alcool n'excuse pas tout, il faut être deux pour coucher et je pense que ce petit merdeux en avait aussi profiter ! Enfin, je ne voulais pas penser à ça. Je lui dis qu'une faut avoué était à moitié pardonner et pour moi c'était vrai. Rien n'est plus important que l'honnêteté pour moi ! Puis en quelques sortes elle avait déjà été puni, si mon autre moi l'a quitté et a demandé le divorce sans explication, ça a du vraiment lui en mettre un coup. Je décidais de me levais et lui demander, enfin, l'obliger à ce qu'elle vienne dans mes bras. Elle ne se fit pas attendre !

« Tu m'as manqué... » me dit-elle, je serrais mes bras autour d'elle du mieux que je pouvais avec mon poignet en atèle et je lui chuchotais à l'oreille. « Tu m'as manqué aussi...» C'était vrai, passé tous ces jours sans elle, même si dans ma tête, notre dernier câlin remonter a trois semaines, mais ce ne devait pas être la même chose pour elle.

Je savourais cette instant et nous restions quelques minutes sans un mot blottis l'un contre l'autre.. Puis je me redresse doucement. « Maintenant que tout est plus ou moins claire... Tu peux me dire ou sont mes affaires que je prenne une bonne douche, car je sais toujours pas ou sont rangés les trucs... » Je souffle un petit rire, en lui demandant, j'ai l'impression de me retrouver dans une maison inconnue, mais je suis sûre que je vais vite m'y faire..

Les quelques minutes dans ses bras furent les meilleures depuis un bon moment maintenant, malgré le silence que nous avions instauré, celui-ci n'était pas pesant, au contraire. Ker ' finit tout de même par se détacher de moi pour me poser une question : « Maintenant que tout est plus ou moins claire... Tu peux me dire ou sont mes affaires que je prenne une bonne douche, car je sais toujours pas ou sont rangés les trucs... » Je ris légèrement à sa phrase avant de lui répondre.

« J'ai mis tes vêtements dans le placard de notre chambre, où tu as dormi cette nuit. Pour les affaires de toilettes, tu as la brosse à dents bleue. Les produits sont dans la douche et dans la baignoire. Les serviettes et gants sont sous l'évier. » J'aurais pu l'accompagner dans la chambre pour lui montrer, ainsi que dans la salle de bain mais je considérai qu'il était important aussi pour lui que je ne lui mâche pas tout et puis là, j'avais tout de même été assez claire.

Je le laissai ensuite partir tandis que j'entreprenais un peu de ménage. Je commençai ma garde à 17h jusqu'au lendemain matin ce qui me laissais du temps et laisserait aussi à Kerwan le temps de me demander ce dont il avait besoin à la maison.

J'appréciais être dans ces bras, mais je voulais prendre une douche aussi. Je me détachais donc d'Evie lui demandant timidement ou se trouvait les affaires pour que je puisse me doucher. Elle rit doucement avant de me répondre « J'ai mis tes vêtements dans le placard de notre chambre, où tu as dormi cette nuit. Pour les affaires de toilettes, tu as la brosse à dents bleue. Les produits sont dans la douche et dans la baignoire. Les serviettes et gants sont sous l'évier. » J'écoutais attentivement, en me répétait chaque phrase pour ne pas oublier.

« C'est compris puis si j'ai besoin de toi je hurle au pire.. » Je ris à mon tour et m'approcha pour l'embrasser, mais ne le fit pas. J'avais donné des règles disant qu'on allait reprendre doucement, mais je ne savais pas si les baisers étaient autorisés. Je me mordais la lèvre et me contenta de lui déposer un tendre baiser sur son front. « Merci encore, bon j'y vais.. ça ne pourra que me faire du bien de prendre une bonne douche ! »

Je m'éloignais d'elle, montant les escaliers pour me rendre dans la salle de bain pour que je puisse afin prendre une bonne douche !

Nya arriva à l’hôpital, le nez rougi par le froid. Elle se dirigea directement à l'accueil où elle y trouva une secrétaire d'une quarantaine d'années. " Bonjour, je cherche mon frère, Kerwan Oaken, il a eu un accident domestique il y a quelques jours. " L'employée de l'hôpital regarda dans son ordinateur et au bout de deux minutes lui annonça que son aîné avait quitté sa chambre la veille. Légèrement surprise, Nya la regarda droit dans les yeux et lui demanda où il se trouvait actuellement. Son interlocutrice hocha la tête de gauche à droite et afficha un air renfrogné. Elle n'allait pas lui rendre la tâche facile. " S'il vous plait, j'ignore où il est, je viens d'arriver en ville rien que pour le voir. " Avec un peu d'huile de coude et de force de conviction, Nya réussit enfin à connaître l'adresse où le jeune homme résidait et elle avait pris soin de l'écrire sur un mouchoir en papier fourré dans la poche de son manteau. " On me réprimanderait fortement mademoiselle, que cela ne s'ébruite pas ! ". " Ne vous en fait pas, merci pour tout." Puis la jeune femme quitta les lieux, sa main droite tenant fermement le mouchoir entre ses doigts gantés.


Il fallut une demi-heure à Nya pour rejoindre Wicklow. Le soleil venait tout juste de sortir de l'horizon et le froid glacial de l'hiver se faisait d'autant plus ressentir à une heure aussi matinale.
Nya, toujours emmitouflée dans son long manteau couleur crème, marchait d'un pas vif sur le trottoir d'une longue rue résidentielle et ne quittait pas des yeux les numéros de chaque maisons. " 087. 088. 089." se murmurait-elle à elle-même. Puis, le numéro 095 se profila au loin. Nya fourra son mouchoir dans sa poche et emprunta l'allée qui menait à la porte d'entrée. En passant près de la boîte aux lettres, elle aperçut le nom Oaken. Elle s'arrêta net, prenant alors conscience de l'endroit où elle était. "Evie & Kerwan Oaken" lut-elle à elle-même. Elle n'avait pas pensé une seconde trouver son frère avec son ex-femme. Ou du moins, elle hypothèsa que cette Evie était sa belle-soeur sauf si par hasard, il s'était trouvé une colocataire qui portait le même nom que lui.
Non, Nya était certaine que cette Evie était l'épouse de son frère. Elle qui croyait qu'ils avaient divorcé, elle ne s'était pas imaginée devant une telle situation. Mais ça ne changeait rien. Elle était venue ici pour voir Kerwan et c'était ce qu'elle comptait faire, Evie ou non.
Elle reprit alors la marche et alla jusqu'à la porte d'entrée où elle frappa assez fortement. Elle recula d'un pas, anxieuse de voir le visage de son frère apparaître de l'autre côté de la porte. Elle n'avait pas réellement anticipé leurs retrouvailles mais elle connaissait Kerwan comme elle se connaissait elle-même et elle n'avait pas eu besoin de faire de plans pour ça. Néanmoins, quand la porte s'ouvrit, elle fût bien embêter de tomber nez à nez avec une jeune femme aux cheveux blonds et aux yeux bleus, comme ceux de la mariée photographiée auprès de son frère dans le cadre posé sur le guéridon en hêtre de ses parents. Elle la regarda quelques secondes sans mot dire et lança enfin : " Je viens voir mon frère, Kerwan."

Alors que Kerwan était sous la douche depuis plus de cinq minutes, je lavais pour ma part la cuisine, en musique. Je n'arrivais pas à définir comment je me sentais, tout était si étrange. Redémarrer à zéro était ce que je voulais depuis le début mais est-ce que Kerwan n'allait pas changer d'avis. Son baiser sur le front m'avait donné des frissons bien que j'aurais aimé retrouver ses lèvres.

Tandis que mes pensées vagabondaient, on tambourina à la porte. Surprise, je me dépêchai d'aller ouvrir, me demandant qui pouvait bien frapper comme ça. « Bonjour ! » fis-je à la jeune femme devant moi. Un silence s'installa et je commençai à me faire des films, voyant l'étonnement de la brune. Peut-être que Ker' avait finalement rencontré quelqu'un d'autre auquel cas je ne pouvais pas continuer avec lui si elle était devenu heureux avec une autre. Je ne voyais que ça pour que la personne ne me réponde pas. « Je viens voir mon frère, Kerwan. » me dit-elle alors. C'était donc Nya, la politesse ne l'écorchait pas visiblement. Je ne savais pas s'ils s'étaient vus à l'hôpital mais me doutais à sa tête qu'elle devait savoir que nous devions divorcer et pourquoi. Je fis l'impasse du manque de respect et me décalai de la porte.

« Entre, je vais le chercher ! » lui dis-je alors avant de m’exécuter. Plus de bruit d'eau, Kerwan devait se changer. Dans le couloir j'appelai donc : « Kerwan, ta sœur est là ! » Malgré toutes ces années je n'avais jamais vu sa sœur jusqu'à aujourd'hui et trouvais donc son culot de me regarder de la sorte plus que « petit ». Je n'en ferai en revanche pas la remarque n'ayant aucune envie de jeter de l'huile sur le feu.

J'avais vraiment envie de l'embrasser, mais je voulais prendre le temps de bien réfléchir. Je fais comment si tous mes souvenirs me reviennent et je n'arrive pas à lui pardonner ? Je voulais être sûr qu'il n'y a plus rien entre elle et ce mec, dont j'ignorais tout, même son prénom... Evie m'avait expliqué ou toutes les affaires se trouvaient et j'avais tout trouvé ! J'étais donc sous la douche et je prenais plaisir à sentir l'eau brûlante coulé sur ma peau. J'avais enlevé mon atèle le temps de me laver et ça me faisait du bien, même si mon poignet me faisait mal. Après plusieurs minutes je sortis de la douche pour m'essuyais et m'habillais. J'avais pris soin de préparer des habits, rien de bien exceptionnel un jogging pour traîner ainsi qu'un tee-shirt. J'entendais la voix d'Evie hurlait dans la maison. « Kerwan, ta sœur est là ! » Nassert ? Qui est nassert ? C'est peut-être un ami à moi... « J'arrive ! » Hurlais-je à mon tour.

Au bout de plusieurs minutes, une fois fini d'être habillé et après avoir remis mon atèle je descendais les escaliers. Et elle était là. Nya. Je compris alors, qu'il n'y avait pas de "Nassert" mais que Evie avait dit "ta soeur". Je restais figé la voyant. Je ne savais pas si elle était toujours fâchée ou non. « Nya.. » Murmurais-je... J'allais alors vers elle et je la serrais dans mes bras. Je ne savais pas si elle allait approuvé cette accolade, mais qu'importe. J'avais envie de la serrer dans ma bras. Alors que je la tenais je lui dis à l'oreille. « Tu m'as manqué... » Je finis par la lâcher me décollant d'elle. « Que fais-tu ici ? Tu vas bien ? Tu veux boire quelque chose ? » Je la bombardais de questions, laissant un peu Evie de côté..

Evie invita la fille Oaken à entrer. Nya décocha un rapide sourire histoire de la remercier. Elle aurait très bien pu la laisser geler sur le palier au lieu de ça, elle l'avait invité chez elle. Elle l'entendit alors crier en direction des escaliers, annonçant sa visite. Nya était nerveuse et machinalement triturait ses doigts fins comme elle avait toujours eu l'habitude de faire quand elle se sentait stressée. Puis une voix s'éleva d'en haut. Elle reconnut immédiatement le timbre de Kerwan. Le coeur de l'Irlandaise se mit à accélérer. Quand enfin son frère descendit de l'étage, une multitude d'émotions traversa Nya, le soulagement de le voir en bonne forme, le bonheur de revoir ses traits si familiers mais aussi la colère qu'elle avait éprouvée des années plus tôt à son égard.
D'après le regard de Kerwan, il ne semblait pas s'attendre à la voir ici. Il se dirigea vers elle comme s'ils s'étaient quittés en de très bons termes et la serra fort dans ses bras. Bien que Nya est le genre de personne à être rancunière, avec son frère elle ne put s'empêcher de l'enlacer également. Elle posa ses mains sur les omoplates de Kerwan et plongea son visage contre son épaule. Il sentait drôlement bon et ses cheveux étaient encore humides. Il devait certainement sortir de la douche. Il lui murmura des mots qu'elle n'aurait jamais espérer entendre. Lui aussi lui avait manqué mais fidèle à elle-même aucun mot ne réussit à sortir de sa bouche, trop prise par l'émotion elle avait peur de craquer.

Au bout d'un temps, le frère et la soeur se séparèrent. Nya n'en revenait pas, elle qui pensait il y a encore quelques mois ne plus jamais le revoir. Bien que les années avaient marqué son visage, il avait toujours les mêmes traits tout en étant différent. Elle trouva qu'il ressemblait davantage à leur mère à présent.

" Maman m'a averti de ton accident. Je suis tout de suite montée dans un avion pour venir te voir." Quand elle parla, sa voix était légèrement plus rauque que d'habitude sous l'effet de l'émotion. Kerwan lui proposa aussitôt quelque chose à boire. " Un verre d'eau serait la bienvenue " dit-elle enfin. Son parcours matinal entre l’hôpital et son frère l'avait légèrement assoiffée ainsi que ses retrouvailles avec Kerwan.

Son frère partit alors en direction de la cuisine. Nya se tourna en direction de sa belle-sœur qui avait assisté à toute la scène muette. Encore une fois, les sentiments de l'Irlandaise étaient confus. Elle lui en voulait d'avoir fait du mal à son frère car dans le coeur de Nya, si son frère avait décidé de divorcer cela ne devait pas être de sa faute. Et en même temps, elle lui en était reconnaissante d'avoir pris soin de lui depuis son accident mais aussi pour son hospitalité au sein de sa maison. Bien que ce genre de comportement ne ressemblait absolument pas à la brune, elle se devait de se montrer un brin aimable avec elle.

" Bien. Je pense que vous l'aurez compris, je suis Nya." Dit-elle simplement en guise de présentation officielle.

Kerwan ne se fit pas prier pour descendre quand je lui annonçai que sa sœur était là. S'étaient-ils parlé à l'hôpital, je l'ignorais. Toujours est-il que je me mis en retrait pour leur laisser « apprécier » leurs retrouvailles. Ker' avait l'air si heureux de la revoir, c'était touchant. " Maman m'a averti de ton accident. Je suis tout de suite montée dans un avion pour venir te voir." dit alors Nya. Donc j'avais raison, elle ne se serait pas bougée s'il ne lui était rien arrivé. Je trouvais ça triste d'en arriver là mais ne la jugeait pas tout comme je n'aimerais pas qu'on me juge pour ce que j'ai fait.

Elle finit par se tourner vers moi et me dire : " Bien. Je pense que vous l'aurez compris, je suis Nya." Je ris légèrement suite à sa phrase avant de lui répondre.

« Ce serait difficile de ne pas le savoir, j'ai vu beaucoup de photos et j'ai beaucoup entendu parler de toi, enfin de vous. » Je ne savais pas si elle voulait mettre une distance entre nous ou pas. Que savait-elle ? Que pensait-elle de moi, je n'en savais rien. « Vous comptez rester ici longtemps ? Non pas pour vous chasser au contraire, Kerwan a tellement attendu vos retrouvailles... » Et j'étais vraiment heureuse pour lui. Je ne savais pas trop comment considérer notre relation à lui et moi mais s'il pouvait en retrouver une stable avec sa sœur, ce serait merveilleux.

Je n'arrivais pas à le croire après deux ans, enfin non six ans je crois bien, sans la voir, elle était là. Elle avait bien grandi, c'était devenue une belle jeune femme à présent. Je descendis les escaliers et je la prenais dans mes bras. Je humais son parfum, son odeur, j'étais tellement heureux de la retrouver. cela m'a beaucoup attristé quand je me suis installé à Avalon de ne plus avoir de ses nouvelles, je l’appelais, lui envoyé des cartes postales, mais rien n'y faisait. Pour elle je l'avais trahit, alors qu'à mes yeux j'étais juste parti, pas pour toujours, pas loin d'elle, mais c'était comme ça. Je finis par desserrer mon étreinte pour lui demander ce qu'elle faisait ici. « Maman m'a averti de ton accident. Je suis tout de suite montée dans un avion pour venir te voir. » Je m'en doutais, je lui avais bien dit de n'affoler personne j'allais bien, j'étais un peu en salle état mais j'étais vivant ! Je lui fis un signe comme pour la remercier de s'être déplacer pour moi. « Un verre d'eau serait la bienvenue » Me dit-elle alors que je lui ai proposé à boire. « Un verre d'eau pour Nyanya ! Euh.. Nya pardon. » Je rougis doucement, il est vrai que je ne l'avais pas appeler comme ça depuis des années, elle était peut-être trop âgée pour les surnoms maintenant.

Je me dirigeais vers la cuisine, laissant Nya et Evie dans l'entrée. J'attrapais un verre, enfin j'ouvris quelques placard avant de les trouver et je servie un grand verre à ma soeur et j'allais les retrouver. Je lui tendis le verre. « Tiens.. » Puis je me rendis à côté de Evie. « Nya, je te présente officiellement ma femme Evie. Evie voici ma petite soeur Nya. » Les présentations étaient faites, même si j'avais entendu quelques mots pendant que je lui servais le verre, elles ont du déjà s'échanger quelques mots.. « Ne restons pas dans l'entrée, allons au salon plutôt. » Je souris et me dirigeais vers le salon, m'asseyant avec un peu de mal sur le canapé et je suivais des yeux les deux Oaken qui firent la même chose. « Nya, tu comptes rester en ville longtemps ? »

Il était clair qu'une atmosphère gênante régnait dans le vestibule. Bien que cette maison était autant celle de son frère que celle de son ex-femme, enfin elle le présumait, Nya ne s'y sentait absolument pas à son aise et cela s'était intensifié quand Kerwan s'en était parti en direction de la cuisine laissant seules les deux belles-soeurs. Nya percevait dans le regard d'Evie, le même sentiment que l'Irlandaise ressentait à ce moment là. De la colère mais aussi un regard de reproches. Bien entendu, Nya pouvait facilement deviner ce à quoi sa belle-soeur pensait. Certes, la fille Oaken n'avait jamais reparlé à son frère depuis toutes ses années. Certes, elle avait décidé de supprimer de sa mémoire son existence et il y a encore quelques mois, jamais elle n'aurait pensé le tenir dans ses bras à nouveau. Mais Nya était humaine et comme tous les êtres humains elle avait des faiblesses et les raisons qui l'avaient poussé à réagir ainsi, n'étaient pas anodines. N'importe qui connaissant parfaitement Nya aurait pu le deviner. Elle était le genre de personnes à affronter les obstacles et ne jamais baisser les bras. Mais elle était aussi une jeune femme très fière et jamais dans sa vie, elle n'avait osé demander de l'aide, même à la personne envers qui elle avait le plus confiance. Et Kerwan fût cette personne durant de très nombreuses années. C'est pourquoi l'annonce de son départ au moment même où elle vivait un épisode de sa vie absolument terrible l'avait énormément blessé. Un événement qui avait marqué à jamais sa vie. Une terrible épreuve, des moments douloureux qui avaient engendré une perte totale d'elle-même.

« Ce serait difficile de ne pas le savoir, j'ai vu beaucoup de photos et j'ai beaucoup entendu parler de toi, enfin de vous. » A cette phrase Nya regarda autour d'elle et aperçut quelques photographies accrochées au mur ou alors posées sur des guéridons. Sur l'une d'entre elle, elle reconnut son visage et celui de son frère. Nya se souvenait de ce moment. C'était un après-midi ensoleillée en plein mois d'Août, il faisait très chaud et l'été avait été absolument splendide. Mais comme chaque année ou presque, les parents Oaken n'avait pu offrir des vacances à leurs enfants et attristés de leur faire subir leurs difficultés financières, ils avaient décidé un vendredi matin sur un coup de tête, d'emmener tout le monde près d'un lac naturel où ils avaient campé pendant tout le weekend. L'un des meilleurs moments de cet été-là.

« Vous comptez rester ici longtemps ? Non pas pour vous chasser au contraire, Kerwan a tellement attendu vos retrouvailles... »
Nya ouvrit la bouche mais quand elle s'apprêtait à répondre, Kerwan arriva près d'elle et lui tendit le verre d'eau qu'il était allé lui chercher. Elle le remercia.
« Nya, je te présente officiellement ma femme Evie. Evie voici ma petite soeur Nya. » La jeune femme ne put s'empêcher de sourire et baissa le regard vers son verre d'eau. « Tu arrives un peu tard, les présentations viennent tout juste de se faire ! ».  Nya se dirigea alors jusqu'au salon où Kerwan les avait invité à s’asseoir. Installée, l'Irlandaise but une première gorgée de son verre. Le liquide froid lui fît un bien fou.

Tout comme Evie, Kerwan dirigea sa première question sur la durée de son séjour à Avalon. Nya n'en savait absolument rien.
" A vrai dire, je n'ai aucun plan précis. Quand je suis arrivée ici, je m'attendais à te voir en bien mauvais état. Mais il me semble que tu vas bien." Nya fit une pause et regarda plus attentivement son frère."C'est le cas hein ? Tout va bien ?" Nya s'inquiétait, comme elle s'était toujours inquiétée pour son frère. Comme si toutes ces années passées loin de lui, n'avaient jamais existé.

Kerwan nous rejoint ensuite avec un verre d'eau pour sa sœur et s'empressa de faire les présentations ce qui me fit sourire. « Nya, je te présente officiellement ma femme Evie. Evie voici ma petite soeur Nya. » Alors que j'allai répondre, Nya me devança : « Tu arrives un peu tard, les présentations viennent tout juste de se faire ! »

On avança ensuite au salon où je m'assis dans le fauteuil, à côté du canapé, évitant le contact avec mon mari. Kerwan sembla souffrir un peu en s'asseyant mais je savais que c'était normal. Il allait lui falloir du temps avant que les douleurs physiques ne s'estompent. " A vrai dire, je n'ai aucun plan précis. Quand je suis arrivée ici, je m'attendais à te voir en bien mauvais état. Mais il me semble que tu vas bien." "C'est le cas hein ? Tout va bien ?" L'irlandaise semblait vraiment inquiète et j'aurais voulu pouvoir la rassurer, mais je savais très bien qu'en apprenant l'amnésie de Kerwan, ses soucis n'allaient pas disparaître. Je laissais de toute manière le soin à son frère de lui annoncer « l'état » de la situation.

Ma soeur était là et j'étais tout excité à l'idée de la voir enfin après toutes ses années. Je ne savais pas trop ou j'en étais, si nous avions repris contact ou pas. Je lui apportais son verre d'eau et après je posais au côté d'Evie pour faire les présentations. « Tu arrives un peu tard, les présentations viennent tout juste de se faire ! » me dit gentiment Nya. Il est vrai que je les avais attendu parler, mais bon qu'importe. Je les invitais donc à passer dans le salon.

Une fois dans celui-ci et une fois plus ou moins bien installé, je demandais à ma soeur combien de temps elle contait rester avec nous, ou du moins à Avalon. « A vrai dire, je n'ai aucun plan précis. Quand je suis arrivée ici, je m'attendais à te voir en bien mauvais état. Mais il me semble que tu vas bien. C'est le cas hein ? Tout va bien ?» J'écoutais Nya, je voyais dans ses yeux qu'elle se faisait du soucis pour moi. Mais d'après ce que je comprenais elle n'était pas au courant de mon amnésie. Je soufflais longuement avant d'ouvrir la bouche. « Physiquement je vais bien. J'ai quelques côtes cassés, quelques bleus par ci, par là et surtout une atèle à porter pendant quelques semaines, donc je dirais que je m'en sors pas trop mal.» Je souris avant de reprendre, en ne sachant pas trop comment aborder ce sujet. « Mais mentalement, enfin je sais pas si je peux dire ça comme ça.. Les médecins m'ont déclarée une amnésie. Ils ne savent pas si je retrouverais la mémoire un jour. J'ai donc oublié les quatre dernières années de ma vie, je sais même pas comment s'est passé mon mariage, rien, c'est le néant ! Alors de ce côté là, j'ai dû mal à m'y faire et à vivre avec un trou de mémoire de quatre ans... Mais bon, Evie est là, elle va m'aider à me souvenir de tout. Je posais ma main sur la cuisse d'Evie, puis posais mon regard sur Nya, est ce qu'elle savait qu'elle m'avait trompé ? Et surtout comment elle allait réagir face à mon amnésie.

Toujours assise sur le canapé, Nya faisait face à son frère et à Evie. En s'asseyant, elle avait pris soin d'ôter son manteau. Il faisait bien plus chaud à l'intérieur qu'à l'extérieur.

Nya était inquiète et de part le regard que lui lançait son frère, il était clair qu'il le voyait très clairement. Cacher ses émotions n'a jamais été un art dont la jeune Irlandaise pouvait se venter. Elle regardait avec attention son frère qui en plus de rire et d'être alerte, ne semblait absolument pas tout droit sorti de l’hôpital. Si son bras avait été normal, Nya aurait pensé à une tentative bien élaborée par sa mère pour la faire réconcilier avec Kerwan. Mais en y réfléchissant, Mrs Oaken avait toujours eu le don de tout dramatiser. C'était son côté sensible et émotif qui ressortait.
Néanmoins, cette simple pensée s'évapora immédiatement quand son frère prononça le mot amnésie. Le regard de la fille Oaken s'intensifia et continuait d'observer son frère. Elle n'en croyait pas ses oreilles. Quatre années de sa vie disparut comme ça. Nya ne bougea pas d'un millimètre, ses pensées affluaient de tous les côtés. Son inquiétude était grande, mais sa tristesse soudaine encore plus. [Son mariage, ses soirées entre amis et tous ses moments qu'il avait vécu, disparut en un clin d’œil. Et dans aucun de ces moments, je n'ai été présente. Comme si j'avais été un fantôme dans sa vie depuis ses quatre dernière années.] pensa-t-elle alors. [Il n'a perdu aucun souvenir avec moi, pour la simple raison qu'il y en a pas eu.] Soudainement, Nya se sentait coupable. Pour la première fois depuis des années à l'égard de son frère, elle se sentait blâmable. Son coeur s'alourdit et il lui fût faire des efforts monstrueux pour ne pas se mettre en colère contre elle-même et exploser. Elle détourna son regard et le posa sur ses genoux où ses mains se serraient fortement pour essayer de calmer le flux de sentiments qui l’assaillait. Sa gorge était sèche et un long silence commençait à se faire sentir dans la pièce. Elle ne savait pas quoi dire. Certes elle avait eu ses raisons d'en vouloir à son frère, mais la vie l'avait rappeler soudainement, la remettant à l'ordre. La vie est courte, les relations précieuses et ces dernières années à ne pas lui parler étaient officiellement perdue. Disparues à jamais, comme les souvenirs de son frère à cet instant.

" Je ..." commença-t-elle difficilement.

Nya se sentait mal à l'aise et cette ambiance commençait à lui peser. Elle se leva alors et se dirigea vers un mur où loin des regards de Kerwan et Evie, elle réussit un peu à reprendre ses esprits. Quand elle se retourna, elle remarqua que Kerwan s'était levé de sa place mais qu'il était resté au niveau du canapé.

" Je suis désolée pour ça." finit-elle par prononcer. " A vrai dire, je ne m'attendais à tout sauf à ça."

Nya savait qu'elle devait paraître étrange. Après tout, c'est elle qui avait décidé de rompre les liens avec son frère, pas lui. L'Irlandaise posa alors son regard sur Evie. Sa présence la gênait un peu. Elle ne la connaissait pas et elle redoutait ses pensées. D'après ce qu'elle avait vu de ses yeux et comprit par les propos de son frère, ils étaient toujours ensembles. Peut-être ne lui avait-elle pas dit qu'ils étaient divorcés ? Elle n'en savait rien mais sur le coup, elle s'en fichait un peu. Le moment viendra d'en parler un peu plus tard.
Son regard retourna sur son frère. A cet instant, elle aurait voulu lui dire une multitudes de choses, d'excuses et d'explications mais aucun mot n'était assez fort pour exprimer ce qu'elle ressentait. Elle ouvrit de nouveau la bouche mais la referma, se ravisant de dire quoi que ce soit de plus.

Nya semblait inquiète et j'étais réellement mal pour elle. Je n'osais pas imaginer tout ce qui pouvait se passer dans sa tête. Kerwan prit finalement la parole pour annoncer la situation à sa sœur, posant une main sur ma cuisse au passage. J'étais mal à l'aise avec ce geste, je ne m'en sentais toujours pas légitime, faire croire que tout allait bien et puis, que devait penser l'irlandaise de tout ça.

Nya sembla interdite, ayant du mal à reprendre la parole, et cela pouvait amplement se comprendre. " Je suis désolée pour ça." " A vrai dire, je ne m'attendais à tout sauf à ça." dit-elle finalement. Je me redressai et posai une main sur celle de Ker.

« Je pense que vous avez des choses à vous dire, je vais vous laisser entre vous, je vais faire quelques courses avant de reprendre le travail tout à l'heure. » Je me levai du fauteuil et déposai un baiser sur la jour de Kerwan, n'osant l'embrasser.

Je pris ensuite ma veste et mon sac, enfilai mes chaussures et parti de la maison, les laissant à leurs retrouvailles.

Nya pensait que tout allait bien et physiquement c'était le cas. Bon j'avais cette satané atèle que je ne pouvais déjà plus me voir, quelques côtés cassés, l'arcade amoché et des bleus sur une bonne partie du corps. Mais je pense que ça, Nya l'a remarqué, à me voir, on dirait plus que je suis sorti d'une bagarre que je suis tombé d'un toit... Malheureusement c'est ma tête qui a tout pris. Je ne sais pas trop comment lui annoncer, alors je me lance et je lui dis que j'ai perdu les quatre dernières années de ma vie. Que je me souviens de rien... Je n'ose même pas lui demander si on a repris contact, ou si c'est la première fois que je la vois. J'espère qu'on a repris contact, qu'elle a assisté à mon mariage, malgré ces querelles. Moi je me souviens de rien, j'ai même pas regarder les photos, j'ai peur de voir des inconnus à mon propre mariage, j'ai peur de ne jamais me rappeler ce qui est arrivé durant ces dernières années. Et si je ne me souvenais jamais de rien ? Heureusement d'un côté que c'est "que quatre ans" et si ça avait été toute ma vie ? Et si en quatre ans j'avais changé, si le Kerwan que je suis maintenant n'était pas le même qu'il y a quelques mois, car pour moi je suis le Kerwan d'y il y a quatre ans.. Les questions se bousculent dans ma tête, mais j'essaie de ne pas y penser, pas maintenant. Je sais que je vais encore avoir une grosse migraine...

Je pose mon attention sur ma soeur, qui n'a pas l'ai très bien. « Je ... » Je regarde Nya qui visiblement ne trouve pas les mots. Elle se lève brutalement et se dirige contre le mur. Je me lève à mon tour. « Nya, tout va bien ? » Lui demandais-je assez inquiet pour elle. Elle se retourne vers moi et Evie. « Je suis désolée pour ça. A vrai dire, je ne m'attendais à tout sauf à ça. » Je vois qu'elle est inquiète et elle fixe Evie, qui visiblement a senti le malaise qui était progressivement en train de s'installer. « Je pense que vous avez des choses à vous dire, je vais vous laisser entre vous, je vais faire quelques courses avant de reprendre le travail tout à l'heure. » Je regarde Evie et elle m'embrasse sur la joue. Je lui souris. « On se voit ce soir, fais attention à toi... » Elle me sourit et quitte la demeure. Je sens que quelque chose ne va pas, elle a l'air gênée à chaque fois que je la touche. Mais bon je parlerais de ça, plus tard avec elle. La il faut que je concentre sur Nya. Je m'avance alors vers elle. « Qu'est ce qu'il se passe ? Dis-moi ce qui t'arrive. Tu sais j'ai perdu quatre ans de mon passé, mais je sais quand ma petite soeur en a gros sur le coeur... » Je la regardais attendant qu'elle me dise ce qu'elle avait dans la tête à cet instant.